[TES-Skyrim] Dovakhin Dovakhin !

N'ayant plus d'internet en ce moment pour les jeux en ligne, je me suis remis à Skyrim (234 heures de jeu au total, et ça grimpe toujours), et la richesse de l'univers m'a poussé à vouloir écrire dedans, histoire de changer de WoW et de tous ces elfes à la con, là. Dans la mesure du possible, j'essaierai de m'inspirer de mon vécu de player et de pas inventer dans le vide, j'esquive par contre le ridicule avec ce nécromancien de tout à l'heure qui avait construit un autel en forêt pour réanimer des poulets...Véridique...Et ridicule !

EDIT : Petite aide pour se mettre dans l'ambiance => Skyrim soundtrack part1, Skyrim soundtrack part2

Ce premier court récit est inspiré de mes maintes heures passé dans les cryptes à Draugr à profaner impunément les urnes, les tombes, tout ce qui peut me looter du bon quoi. Je me suis dit qu'à force d'embêter le mort sans repos, on risquait gros...(Enfin...C'pas pire que les caves à Falmer...Brrr...Ce Phare du nord...On y reviendra !).

L'or du Draugr

Dar'Mazuu resserra autour de lui sa tenue en peau de tigre à dents de sabre. L'air froid de Bordeciel blessait son nez fin et peu habitué à pareilles températures. Le Khajiit concentra son regard sur le sommet tandis qu'il montait les marches centenaires de pierres glacées. Derrière lui, J'ala grogna encore et sa voix aussi douce et chaude que le sable d'un désert mais parvenait tout de même à braver le vent.

"Rappelle-moi encore pourquoi nous nous éloignons de la caravane ?"

Le mâle ne se retourna pas pour répondre :

"Les hommes du Nord parle de ce lieu sans cesse, un cimetière souterrain pour leurs ancêtres. Ils sont assez bêtes pour enterrer les leurs avec leurs biens. Ce serait trop bête de s'en passer. On pourrait se faire pas mal d'argent, et leur revendre leurs propres possessions...Enfin...Ceux de leurs ancêtres !"

La Khajiit mit un temps à répondre, considérant les propos de Dar'Mazuu.

"Oui...Tant que ce n'est pas une excuse pour me faire encore une fois la cour..."


L'endroit était désert, perché sur un de leurs monts enneigés, une brume semblait sortir de l'entrée du caveau et entourer le mausolée avant d'être balayée par le vent fort. Le Khajiit sentit ses poils se dresser sur son échine alors que ses yeux se portèrent sur cette ouverture : une gueule noire, béante, insondable.

J'ala fut la première à s'approcher, prudente mais pas craintive, elle fit le tour de l'édifice pierreux. Des gravures grossières, runes et glyphes couraient partout sur le mausolée, antique message indéchiffrable pour les deux étrangers de cette contrée.

Dar'Maazu s'avança jusqu'à être à deux pas de cette entrée si impressionnante. Même ces yeux aiguisés ne parvenaient à transpercer ce rideau de nuit et de brume. Il réprima un frisson alors que J'ala le rejoignait. Ensemble, ils pénètrèrent dans l'édifice.


L'endroit avait de quoi refroidir le soleil d'Elsweyr lui-même ! Si le khajiit n'avait pas été accompagné, il aurait bien vite fait demi-tour, et il se doutait que J'ala, si bavarde en d'autres cas et pourtant silencieuse en cet instant, éprouvait le même sentiment maintenant qu'ils étaient dans le coeur du mausolée.

L'entrée avait donné sur un long couloir nu puis un virage soudain à droite les avait mené à un escalier s'enfonçant dans les profondeurs noires du lieu. Ils progressaient doucement, redoutant de poser le pied sur une pierre fragile ou une marche traîtresse. Malgré la pénombre, la vue aiguisée du Khajiit lui permettait de devenir J'ala à sa droite.

C'est à cet instant qu'il trébucha et tâcha de se rattraper à la paroi qu'il longeait. Mais au lieu de toucher un mur froid comme il l'espérait, sa main ne rencontre que le vide avant de heurter autre chose d'étrange au toucher, froid et dur, mais pas comme de la pierre.
J'ala l'aida à se relever et il s'appuya du même coup sur la matière qu'il sentait et se rendit compte de ce qu'il tenait dans la main qu'après avoir entendu un craquement : Il s'agissait d'ossements.

Il s'écarta et plissa les yeux, réalisant soudainement que les murs qu'ils avaient crus grossiers et maladroits étaient en réalité taillés et creusés à plusieurs endroits bien précis : des alcôves. Des alcôves mortuaires apparemment. J'ala et lui comprirent qu'ils étaient alors entourés de corps, plus ou moins décomposés, de gisants à l'état de squelette ou pire. D'abord réticent à fouiller, surtout à cause de la soudaineté de la révélation plus que par principe, Dar'Mazuu finit par détrousser quelques corps. Certains n'avaient même plus la peau sur les os, tandis que d'autres portaient encore des armures de fer et de cuir poilu. Des armes anciennes trop encombrantes pour être emportées et quelques pièces d'or furent l'unique butin du Khajiit.

J'ala lui attrapa doucement le bras à cet instant pour lui désigner un endroit devant. L'escalier semblait s'arrêter là, à quelques mètres et donner sur une lourde tombe de fer noire. Les deux hommes-félins s'avancèrent vers ce coffre à mort.


Après trois bonnes minutes à pousser, tirer, jurer et souffler, le couvercle eut la décence de s'écarter, en équilibre sur le rebord, tenant grâce à la poigne de Dar'Mazuu.

Un mort à l'aspect guerrier, tout en armure nordique ancienne, reposait là, une longue hache posée sur le corps, les mains sur le poitrail. Sa peau n'était plus qu'un souvenir, lui donnant le sourire horrifiant des squelettes. Une odeur pestilentielle envahit les narines des profanateurs. J'ala délaissa l'inspection de ce visage dérangeant pour s'intéresser soudainement à une lourde bague en or luisant d'un faible éclat verdâtre. Aucun doute cet anneau était enchanté. Et un enchantement se vendait cher, surtout lorsqu'il était fourni par un khajiit.

Elle porta la main sur les doigts squelettiques du gisant et cria soudainement avant de bousculer Dar'Mazuu qui laissa tomber la couvercle au sol dans un fracas à réveiller les morts...

Le silence retomba un instant tandis que la poussière s'élevait. Dar'Mazuu cherchait des yeux J'ala, elle avait disparu, tout simplement. L'instant d'avant il la sentait bondir contre lui, et maintenant, plus aucune trace d'elle à ses côtés.

Le Khajiit allait se mettre à fouiller la salle mortuaire lorsqu'un souffle glaciale s'engouffra jusqu'à lui depuis la surface. On aurait dit que le mausolée lui-même se réveillait, reprenant une inspiration longue après temps d'années. Dar'Mazuu tremblait de peur et son coeur rata un battement lorsqu'il vit.

Là-bas, en haut de l'escalier, un reflet. Deux petites lumières, faibles, bleues. Deux yeux vitreux, suivi d'un râle étrange, court et énergique. Quelque chose était là avec lui, et lui barrait le passage vers la sortie. Le Khajiit contracta les muscles de sa vessie pour éviter de se faire dessus et s'accroupit derrière la tombe.

Les yeux disparurent, il entendit cette chose gravirent les marches jusqu'au sommet, les pas se perdant alors qu'il sortait du mausolée.

Son coeur allait exploser, il n'hésita pas deux fois et gravit à son tour les marches aussi rapidement et silencieusement qu'il le pouvait. Il entendait des raclements graves autour de lui alors qu'il s'enfuyait, quelque chose de malsain, de non-naturel. Comme si l'on frottait des os les uns contre les autres. Parfois il croyait apercevoir des reflets bleutés du coin de l'oeil, mais n'osait tourner la tête pour confirmer ou détromper sa vue, préférant placer son attention sur les marches restantes pour fuir ce lieu maudit.


Il transperça la brume et se rua à l'extérieur. Sans arrêter sa course, le Khajiit descendit vers la caravane qu'il avait laissé. Aucune trace du mystérieux être du mausolée cependant, et Dar'Mazuu ne s'en plaignait pas. Il accéléra le pas et prépara une explication pour les siens concernant la disparition de J'ala.


J'ala parvint enfin à se hisser au sommet du puits. Elle avait eut la maladresse de faire un pas de trop en reculant et avait chuté pendant au moins trois ou quatre mètres avant d'atterir sur le dos et de s'assommer. Elle ignorait combien de temps avait passé, elle n'avait pas osé appeler Dar'Mazuu à son réveil, elle n'entendait rien en haut de toute façon, elle avait juste grimpé.

Ses mains s'accrochèrent à la pierre et elle rampa dans un dernier effort sur le sol de la chambre mortuaire, s'allongeant un instant à côté de la tombe. Toujours aucun bruit. Elle rassembla ses esprits et se raidit soudainement, se rappelant ce contact qu'elle avait senti avant de prendre peur. Car la Khajiit, voulant se saisir de la bague, avait senti la fermeté des doigts squelettiques contre sa peau. La poigne d'un mort se refermant sur elle...Elle était certaine d'avoir gagné des poils blancs !

Sans un bruit, la Khajiit, se redressa doucement en toisant la tombe noire. Et J'ala ne sût pas vraiment si ce qu'elle vit la rassura ou l'inquièta : le corps avait disparu.

Elle tituba un instant et se raccrocha au couvercle pour ne pas perdre connaissance à nouveau. Elle voulait fuir, sortir d'ici et repartir quelque part où il faisait chaud et où la lumière passait. Bordeciel suffirait pour le moment.

Ses doigts s'arrêtèrent cependant sur un détail qui acheva de lui redonner la force de fuir, elle lacha prestement le couvercle et remonta les marches quatre à quatre, ne se souciant pas du bruit qu'elle faisait, mêlant pleurs terrifiés et respiration haletante. Elle mit un moment à réaliser, comme elle avait mis un instant à comprendre ce qu'elle sentait sur cette face-ci du couvercle : elle avait pu sentir les traces, nettes, de griffures, de coups, de taillade. Le défunt avait été inhumé vivant et c'était débattu avec la force du désespoir...Ou autre chose capable de marquer le fer lui-même...
Elle avait compris cela et elle fuyait, tout comme elle venait de réaliser que toutes les alcôves, à mesure qu'elle remontait, étaient maintenant vides.


La nuit était tombée lorsqu'elle atteint la sortie. J'ala ne perdit pas un seul instant et dévala la pente pour rejoindre la caravane. Elle espérait qu'ils n'étaient pas partis sans elle, ce qui était plus que probable, surtout si Dar'Mazuu les avait mis en garde. Plusieurs fois elle tomba et roula sur elle-même avant de reprendre sa course dans la douleur. Elle n'en pouvait plus et se sentait défaillir à chaque instant. Mais la terreur nourrissait sa force et lui permettait de continuer.

Elle aperçut, dans la nuit noire, les tentes de la caravane kha'jiit et fut soulagé, elle se précipita vers la tente du chef de caravane et buta contre le cadavre de Dar'Mazuu, s'étalant sur celui du chef en tombant.

Elle hurla.

Les chevaux n'étaient plus là, il y avait du sang et des corps partout. J'ala se recroquevilla sur elle-même et s'appuya contre la toile d'une des tentes, elle respirait avec force, au bord de l'horreur, aucun feu ne lui permettait d'y voir clair, il faisait sombre.

Elle se mit à pleurer lorsqu'elle aperçut les premiers reflets bleutés apparaître à sa vue. Les os s'entrechoquaient, des voix rauques, d'un âge ancien résonnaient. Ils étaient nombreux. Les morts marchaient.

Les Draugr cherchaient vengeance.

Haha la fin m'a bien bluffée ! Brrr ça fait peur...

Le récit de ce soir est inspiré d'une rencontre non loin de Vendheaume, ces pnjs sont tellement vivants qu'ils arrivent à vivre des aventures sans la présence du joueur ! Bon c'est un peu romancé, mais ça donnait ça, grosso merdo...




Gros gibier

Il soufflait sur l'Estemarche un vent rendu doux par la chaleur des lieux. L'activité volcanique rendait les marais bien plus agréable que le reste de la région, partout où l'eau stagnait, de petits geysers et volutes de fumées émergeaient ici et là, indiquant qu'en dessous de cette terre gelée, le feu brûlait, toujours.

Mais Ruikke n'était pas venu là pour se perdre dans le terrain accidenté ou contempler les ruines dwemer de l'Est, il connaissait bien le lieu, son terrain de chasse à lui et à sa bande. C'était à la limite du braconnage et passible d'un bon moment dans les geôles, voir pire...Mais les Sombrages avaient besoin de fourrure pour leurs épaules et de viande dans leurs assiettes pour tenir cette rébellion debout, alors, en échange de quelques bons morceaux, ils ne posaient pas trop de question...Après tout, Ruikke aussi était nordique.

Il escalada un rocher et se posta accroupi dessus, immobile. Devant lui, il reconnut la clairière que lui et Miolja avaient découvert dans leur dernière chasse à l'ours : entre deux puits naturels laissant s'échapper une eau bouillonnante, un énorme feu était allumé. Deux géants, créatures extraordinaires, se tenaient là, le regard vide. Le premier était assis et jetait des brindilles dans les flammes, il avait une longue barbe qu'il avait enroulé autour de sa taille comme une ceinture. Le second, un imberbe pourvu d'un énorme nez rouge mais volé d'une oreille, reposait son menton sur le pommeau d'une énorme branche, lui servant sans aucun doute de bâton.

Ruikke avala sa salive et porta son attention sur ce qu'il était venu chasser : les mammouths. Énormes créatures présentes uniquement dans les terres froides de Bordeciel, ces monstrueux animaux déjà dangereux à attaquer étaient rarement approchés, le fait que les géants gardent leurs troupeaux tels d'hargneux berger n'arrangeait rien. Réussir à en abattre un, s'approprier les livres de viande, les mètres de peaux et les fameuses défenses, relevait de l'impossible.

Et pourtant, Ruikke et son équipe étaient bien décidés à rendre cela possible. La préparation avaient duré plus d'une semaine, le temps de dresser un plan, répartir les tâches, choisir le lieu de l'embuscade, préparer le terrain...Les braconniers n'avaient pas ménagé leur peine pour rendre possible cette chasse.

La chasse, le frisson de traquer, piéger et ôter la vie d'une proie. Ruikke appréciait toujours ce moment où la bête ignorait sa présence, ne se doutant pas qu'elle était épié, et que bientôt elle serait traquée et mise à mort. Il n'était pas d'un naturel cruel, cependant, la dure loi de la nature de Bordeciel était, et rendait, impitoyable. Il fallait dominer pour survivre, et les nordiques avaient la prétention et la fierté de montrer aux étrangers qu'ils avaient parfaitement dompté leurs terres...Alors un mammouth de rien du tout face à toute la neige du mont Hrothgar...

Le chasseur aperçut, à sa droite, le visage de Miolja. La nordique lui fit un signe de tête entendu et attendit qu'il lui rende pour disparaître entre les roches et arbustes touffues. Les autres étaient en place, il ne restait plus à Ruikke qu'à lancer le signal. Il prit une profonde inspiration, sentant déjà son coeur accélérer en prévision de cet objectif. Toute son expérience du terrain allait se jouer là. Il expira, banda son arc, bloque sa respiration, ferma un oeil...

Miolja ne vit pas la flèche partir, seulement le géant se relever d'un bond en poussant un grand cri de douleur. La flèche de Ruikke l'avait atteint à l'épaule, rien de mortel, mais assez douloureux pour que le géant jette un regard furieux autour de lui pour chercher le responsable d'un tel acte. Les mammouths commencèrent à s'agiter tandis que les deux géants remuaient en communiquant par râles, finalement, une autre flèche vint se ficher dans le ventre du géant barbu, ce dernier grogna à nouveau et arracha celle-ci puis celle d'avant, avant de lancer un regard plein de haine à Ruikke, qui venait de sortir de sa cachette pour faire de grands gestes en criant. Attirant sur lui l'attention des deux colosses qui le chargèrent en hurlant, l'un agitant une massue en os qu'il venait de saisir, l'autre tenant sa branche.
Le nordique se mit immédiatement à courir pour leur échapper, et comme prévu, les deux géants se lancèrent à sa poursuite.

Miolja attendit de voir disparaître les deux énormes têtes derrière une colline pour ensuite siffler, donnant l'alerte pour la deuxième partie du plan. Elle tourna alors son attention vers la position du jeune Ezilg, le seul rougegarde de l'équipe.
Comme prévu, ce dernier apparut, tenant dans ses mains le fameux bâton que Ruikke avait acheté à Vendheaume. Il le tint fermement contre lui et grinça des dents. Miolja plissa les yeux, espérant qu'il parviendrait à maîtriser l'artéfact.

Une boule de feu de la taille d'une tête de troll apparut juste devant Ezilg et fusa droit vers les mammouths pour s'écraser dans le sol à quelques mètres d'eux. Les bêtes grognèrent et reculèrent lourdement, prises de peur. Il fallait être tactique et ce fut au tour de Miolja de serrer les dents, si Ezilg touchait une créature, elle risquait de charger sous la douleur, ainsi que tout le troupeau avec, cependant s'il n'était passez menaçant, le troupeau n'aurait aucun scrupuble à le piétiner aussi. Il fallait les effrayer pour les faire fuir dans la direction opposée, la direction du piège.

Finalement, un premier mammouth sortit du groupe pour tenter une échappée, l'instinct de troupe poussa d'autres à le suivre, puis encore d'autres, et enfin tout le monde. Une douzaine de mammouth trotinnant en brassant l'air nerveusement avec leurs trompes...C'était un spectacle impressionnant.
Mais Miolja en avait vu d'autres, elle avait chassé les meutes de tigre à dents de sabre de Hjaalmarche, certes moins imposant que les mammouths mais bien plus aggressifs...
Elle sortit à son tour de sa cachette, rejoignit Ezilg qui suivait déjà le troupeau, le bâton au poing, et ensemble ils fermèrent la marche, s'assurant que les mammouths s'engageaient dans la direction du piège.


Ruikke dérapa sur une roche glissante et s'étala de tout son long, se déchirant la peau sur la pierre dure et cognant sa tête avec force. Son instinct de survie le poussa à se redresser pour échapper aux géants qui étaient toujours à ses trousses. Il tituba et son membre meurtri lui arracha un grognement de douleur presque immédiatement. Il entendit derrière lui la respiration lourde d'un des deux géants et se tourna pour voir les yeux haineux du barbu tandis qu'il levait son os de la taille d'un homme.

Un cri, dans les cieux, un hurlement sauvage, dangereux, ancien.

Les géants levèrent la tête, en laissant échapper de courtes syllabes entre eux, et Ruikke crut déceler de l'appréhension dans leurs regards, tandis qu'ils scrutaient les cieux, cherchant quelque chose de bien précis.
A la grande surprise du chasseur, les géants l'abandonnèrent ici et tournèrent les talons pour revenir vers leur camp. D'abord soulagé de vivre un autre jour, le nordique réalisa alors qu'ils allaient retomber sur son équipe, prendre Miolja et tous les autres à revers.
Il fit son possible pour trottiner, boitant légèrement. Il ne se souciait déjà plus de ce cri salvateur.


Enfin, l'un des mammouths se détacha du groupe, un jeune, trop lent, il traînait à l'arrière du troupeau, laissant peu à peu les siens creuser l'écart. Le bâton d'Ezilg s'illumina une nouvelle fois pour les motiver et Miolja savait qu'ils avaient trouvé leur proie. La tactique se poursuivit, comme convenue. Elle laissa à Elzig le soin d'orienter le mammouth dans une direction légèrement différente des autres et se sépara de lui pour gagner un monticule d'où elle pourrait faire signe au reste des chasseurs.
Elle voyait Fendral et Gorru, le bosmer et l'orc, à l'endroit convenu, elle agita les bras dans leur direction et ils lui firent signe à leur tour.

De là où la nordique se trouvait, elle voyait parfaitement le piège se mettre en place : Elzig avait réussi à ralentir le jeune mammouth en l'effrayant avec le feu de son bâton, le reste du troupeau s'éloignait de plus en plus. Le jeune laineux enjambait les bassins du marais en lançant des appels forts pour l'aide des siens, en vain. Miolja, repèra le chemin qu'allait sûrement emprunter la bête : un goulet à sec, qu'ils avaient relevé durant leur observation. Elle prit rapidement une flèche dans son carquois, banda son arc, et envoya la flèche dans les airs pour lui faire décrire un arc descendant qui s'arrêta non-loin de l'endroit.

L'elfe et le vert, qui avaient suivi la trajectoire, attrapèrent leurs lances et escaladèrent les roches pour s'y rendre le plus rapidement possible. Miolja se permit un petit cri de victoire, il ne fallait pas vendre la peau du troll avant de l'avoir tué, mais elle sentait la récompense proche, tout marchait parfaitement bien !
Une ombre glisse sur le sol et lui masque le soleil un moment, un long moment. Elle leva les yeux et faillit défaillir.


Gorru attendit que le mammouth fut parfaitement engagé dans le goulet pour tendre le bras et faire glisser sa lance jusqu'à la patte postérieure de la bête, un sang noir et odorant gicla tandis que la proie barrit de douleur, de son côté Fendral fit bien mieux, allant glisser la lame de sa propre lance entre deux os du haut de la cuisse, paralysant le membre entier du mammouth qui s'effondra malgré lui.

Gorru lança une exclamation de victoire et ne comprit pas trop pourquoi le bosmer le fixait avec de grands yeux. Il n'eut que le temps de percevoir un énorme bruit de battement d'aile derrière lui.


Un choc d'une violence inouïe. Miolja porta la main à sa bouche, réprimant un haut-le-coeur. Un dragon. Un dragon venait de se précipiter sur le jeune mammouth. Ils avaient fourni à cette créature un gros gibier. La nordique avait bien sûr entendu parler du retour des dragons, ainsi que d'autres rumeurs sur le dovakhin...Mais voir cela devant elle...

Le monstre écailleux avait littéralement broyé Gorru entre ses énormes pattes et le corps du mammouth. Elle vit Fendral se jeter de côté et être balayé en arrière par le claquement d'une des ailes dans les airs. Le mammouth lui, avait reçut l'assaut du monstre de plein fouet, il ne bougeait plus et aucun bruit ne provenait de sa trompe. Du coin de l'oeil, elle aperçut le rougegarde prendre la fuite avec le bâton, sans demander son reste, elle se demanda si elle devait faire cela elle aussi.

Mais les neuf avaient décidé d'offrir à la nordique un spectacle inimaginable qui mériterait d'être conté pendant des années : les géants arrivèrent alors, beuglant en direction du dragon. Miolja chercha Ruikke des yeux et adressa une prière silencieuse à Talos pour le salut de son frère de glace, avant de reporter son regard sur la rencontre féroce entre les deux colosses et la légende redoutable.

Le dragon tourna sa gueule pleine de sang vers les géants à leur approche et laissa échapper trois syllabes résonnant comme le tonnerre. Une vague d'énergie partit de sa gueule pour heurter le géant armé d'une branche et le fit repartir en arrière, glissant sur le dos sur une dizaine de mètres, comme frappé par une énorme masse !

Mais le deuxième parvint au contact de la créature et leva bien haut le bras pour abattre son os sur le crâne de la bête. Miolja n'entendit pas le choc, mais le vit très bien, le monstre d'écailla replia le cou et redressa la tête en hurlant. Un hurlement qui figea le sang dans les veines de la nordique.


Un deuxième hurlement, similaire au premier, mais bien plus proche, et au sol devant lui, derrière cette colline. Ruikke grimpa sur un rocher tant bien que mal et fit tout pour conserver son allure, le souffle court et la jambe de plus en plus douloureuse. Il parvint finalement à se hisser pour découvrir le même spectacle que Miolja. Un des géants était au prise avec le dragon, tandis que l'autre se redressait, apparemment mis au tapis quelques secondes plus tôt, pour prêter main forte au premier.

L'énorme chimère terrifiait Ruikke et il détourna le regard un instant, apercevant Miolje qui s'était hissé sur un monticule, à sa droite. Le nordique se laisse glisser de la colline pour redescendre et reprit sa marche rapide vers elle.

Le dragon détendit soudainement le cou et ses mâchoires épaisses enserrèrent la taille du géant qui laissa échapper un formidable grognement de douleur. Le prisonnier tenta de se libérer, frappant la mâchoire et saisissant les crocs à pleines mains pour les déchausser, en vain, le monstre d'écaille tenait bon. L'autre géant arriva enfin et, sans s'arrêter, envoya un coup d'estoc avec son arme improvisée, dans le flanc de la bête. L'impact parvint à ébranler la bête qui lâcha sa prise pour se redresser et déplier ses ailes. Mais les géants ne l'entendaient pas de cette oreille, le barbu, bien que grièvement blessé, saisit la tête de la bête qu'il enserra entre son torse et ses bras, lui bloquant la mâchoire. Tandis que l'autre fracassait l'aile offerte à lui, faisant craquer le cuir et les os tandis que des copeaux d'écorce volaient en tout sens.

Il semblait maintenant à Miolja que les deux humanoïdes prenaient le dessus. Le dragon était cloué au sol, subissant les coups sans pouvoir répliquer. Elle entendit, derrière les grognements, cris et coups, un appel et baissa la tête pour découvrir Ruikke, le rouge aux joues et la sueur au front. Il était donc en vie, elle fut réjoui et le nordique allait lui crier quelque chose lorsqu'un son terrible les fit tous deux tourner la tête.

Le géant tenant la gueule du dragon était maintenant enveloppé dans un mur de flammes. La chaleur atteint Miolja de plein fouet et elle dut plisser les yeux pour continuer à observer le combat titanesque.
Le dragon avait réussi à entreouvrir la gueule pour projeter des flammes ardentes qui avait très rapidement enveloppé l'infortuné géant. Le brasier gagna fortement en proportion, forçant l'autre géant à reculer sous la chaleur. Le monstre voulut alors battre des ailes mais celle attaqué par le colosse n'était plus que sang et chairs à vifs. Entre temps, le feu se dissipait, dévoilant le corps calciné du géant barbu, écroulé sur le sol, rasé de près pas les flammes.

Fou de rage, ou de chagrin, Miolja vit le dernier des deux humanoïdes ramasser l'os que brandissait son camarade et asséner une série de coups meurtriers sur la tête du dragon, qui tentait maintenant de s'éloigner, sans pouvoir voler. La bête voulut répliquer mais se heurta sans arrêt à la masse lourde, très vite, elle tituba, s'écroula de tout son long, battant l'air de sa lourde queue, un dernier rugissement s'échappa de la gueule et les yeux se levèrent sur le bourreau qui continuait son oeuvre.


Le géant avait passé à tabac le corps inerte du dragon pendant encore une bonne minute avant de rester là, l'arme pleine de sang en mains, à le fixer, sur ses gardes. Enfin, il se détourna pour observer le cadavre cuit de l'autre, puis celui du jeune mammouth. Enfin, alors que les deux nordiques, n'osant faire un geste, commençaient à se demander si le colosse ne bougerait jamais, ce dernier leur tourna le dos et se dirigea d'un pas lent vers le sud. Peut-être souhaitait-il retrouver le troupeau de mammouths, peut-être partait-il simplement, privé de son rôle, ou de son ami...Bien peu savent ce qui se passe dans la tête des géants...

Ce qui passa, par contre, dans la tête des deux humains fut bien moins spirituel : Ils avaient là le cadavre d'un mammouth ET d'un dragon ! Ils s'avancèrent prudemment, observant, les yeux grands ouverts, ce butin en peau, viande et os !

...Qui irait croire leur histoire maintenant...?