Les Querelleurs.
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Lurr Prêtoreille

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Message par Gunvar Mer 17 Oct - 14:25

Prélude : Le sang de la terre


Une machine est composée de rouages, toute ingénieurie charr est animée par ces petits composants nécessaires au bon déroulement du rôle de la fabrication. Chaque cliqueti, chaque mouvement, chaque répétition dans le système, est au service du rôle final. Il ne viendrait pas à l'esprit du moindre ingénieur de prendre la peine de maintenir en fonctionnement un circuit ne servant point ce rôle; une série de rouages défectueux ou inutiles ne possède aucun sens dans l'organisation stricte d'une machine et il sera naturel et nécessaire de la supprimer.

L'empire charr est une machine. Une machine de guerre.



"Allez tas de fainéants, retournez à vos pioches : la pause est finie !"

Les hommes du porion commencèrent à parcourir les rangs des mineurs, creuseurs, boutefeux, ingénieurs et machinistes de la mine, donnant ici et là de sévères coups de pied aux plus lents. La zone servant de repos aux travailleurs fut le lieu d'une soudaine agitation récalcitrante, tandis que chaque charr s'étirait, jurait, se saisissait de sa pioche et repartait en grognant vers son puits, sa veine ou sa machine.

La mine de cuivreflot était une excavation à ciel ouvert de la taille d'un navire de commerce et enfoncée dans le sol à une bonne dizaine de mètres, on pouvait l'apercevoir de loin grâce aux deux énormes grues d'acier noir étendant leurs bras mécanisés au-dessus de la terre ouverte, le son des machines et du fer contre la roche était également un bon moyen de la localiser, ainsi que les explosions occasionnelles pour se frayer un chemin par la force.

A la surface, le centre était recouvert de bâches déchirées et déteintes protégeant de lourdes tables en bois sur lesquels étaient posé outils de mesure, cartes, missives et autres détails administratifs dont le mineur lambda se souciait peu. Le porion, un charr solide à la gueule bavante était présentement occupé à se disputer avec un boutefeu ayant fait un peu trop de zêle au point de gâcher une riche veine prometteuse. Son lieutenant tâchait quant à lui de tracer le parcours prévu de la prochaine galerie, mais devait stopper sous peine de fausser le schéma à chaque coup de poings farouche du chef sur sa table.

Autour, les charrs circulaient, on aurait cru une fourmilière, chacun retournait à son poste après le maigre repas sensé leur redonner force et moral. Le contour de la surface n'était qu'un vaste chantier brouillon, des puits étaient délimités par des charpentes et des systèmes à poulies chargés de remonter et descendre des nacelles, des chemins creusés ou de simples planches de bois menaient aux différents ouvertures de l'excavation. Au-dessus, sur de grands amménagements en bois, des charrs armés de pelles élargissaient sans cesse l'excavation en déblayant à hauteur d'herbe. Un seul côté restait inchangé, l'on y avait sculpté une rampe pour facilité l'arrivée du matériel et la sortie des matières premières, plusieurs échelles ici et là permettaient aux travailleurs de rapidement se retrouver à la véritable surface.

A l'exact opposé de cette rampe, une chemin permettait d'entrer dans le coeur de la terre sans avoir à descendre par une nacelle, ce chemin était amménagé pour permettre à des wagons de remonter à la force des bras, remplis de terre, de roche et de cuivre.

Cuivreflot était un point économique secondaire, mais non négligeable de l'empire charr d'ascalon. La population des mineurs devait dépasser les deux cents têtes. Il arrivait chaque jour de nouvelles recrues et chaque fin de semaine, les corps des mineurs s'étant usés à mort dans le coeur du monde étaient acheminés dehors. De ce fait, les équipes changeaient souvent, malgré quelques irréductibles qui trompaient sans cesse la mort. Tarkus était de ceux-là, et pour lui, cuivreflot était l'histoire d'une vie, ce qui lui donnait une vision personnelle du lieu.

"Un gros furoncle, ouais ! Je te jure que pour un oiseau qui passe au-dessus, ça ressemble juste à un gros bouton percé avec plein de petites bêtes affreuses rampants dans le sang et les immondices de la terre !"

Serto soupira tout en grimpant dans la nacelle et ne se gêna pas pour bousculer le vieux charr radotant. Tarkus possédait un pelage grisonnant sur un corps vieillissant, mais dont les muscles s'accrochaient encore à la chair, il était un formidable mineur expérimenté et connaissait mieux que personne les galeries et les astuces pour passer une journée moins pénible. Serto était son cadet d'une quinzaine d'années, et son pelage clair aux reflets roux d'antan n'était plus qu'une agonie de poils ici et là, masqués par la terre et la crasse des profondeurs. Ses deux oreilles supérieures avaient été arrachés par un humain vicieux, du temps des chamans, de sorte qu'il n'entendait plus aucun son aïgu.

"Arrête de gaspiller ta salive avec cette histoire, Tark'...En plus si c'est pour fourrer ton idée dans les oreilles d'un petit bleu qui passera peut-être pas la journée..."

Tout en parlant de lui, Serto jeta un oeil à ce jeune charr qui venait d'arriver ce matin, il n'était pas des plus musclés ni des plus grands et disparaissait entre les charrs prenant place dans la nacelle...Bien, il pourrait ramper dans les boyaux inaccessibles aux charrs de plus gros gabarits. L'un des contremaîtres lui avait refilé ça ce matin, après la mort de Duron hier au soir. Cette carne avait craché jusqu'à la dernière de ses tripes dans un vomi de sang. Les poussières souterraines nuisaient aux poumons sur le long terme, ici, on appelait ça l'essouflante, et certains préféraient mourir enseveli que de souffrir ainsi...

Serto fit un signe de tête à l'opérateur de la nacelle qui actionna alors le levier qui fit descendre dans un balancement faible les mineurs du puits numéro quatre, les faisant glisser dans les ombres de la terre.



"De toute façon Duron je l'ai jamais porté en estime, j'en aurais pas voulu dans ma troupe..."

La voix étouffé de Tarkus parvenait aux oreilles de Serto tandis qu'il fracassait sa pioche sur la pierre pour dégager une larme de cuivre. Dans les galeries, chaque son est diminué, une sorte d'insonorisation naturelle, un mineur enseveli sait qu'il a très peu de chance de s'en tirer s'il ne s'époumonne pas à appeler à l'aide...Et ouvrir la bouche lorsque l'on est bloqué sous une masse considérable de terre...
De plus, Tarkus portait toujours un épais mouchoir de jute sur son museau, selon lui, et d'autres, ça empêchait d'attraper l'étouffante...Théoriquement...En tout cas ça pouvait pas diminuer les chances !
Le charr roux éleva la voix pour demander la raison à son vieux compagnon.

"Elle refusait de me tenir la pioche !"

Le vieux partit dans un de ses rires qui roulent durant de longues secondes et Serto secoua la tête. Duron n'était pas une charr des plus faciles, toujours à grogner et à parler du temps où les femelles apportèrent la victoire là où seuls les mâles ne suffisaient pas...Elle ne se soumettait, de fait, à aucun charr, refusait de rendre service à ceux se sentant trop seuls et avait déjà déboité plusieurs mâchoires à coup de pelle, dont celle de Tarkus. Mais ses coups de gueule récurrents manquaient déjà à Serto, surtout que le jeune remplaçant n'était pas des plus locaces.
Durant la descente, Serto avait vu certains charrs plus amicaux que lui tenter de discuter avec le nouveau venu, ce dernier n'avait que baissé la tête sur ses pattes enserrant la pioche. La tête de fer tremblait, agitée par les mouvements incontrôlés des griffes. La peur. Un sentiment que la société charr réprouvait profondément. Un charr ne pouvait avoir peur, soi-disant. Mais lorsqu'un coup de grisou vous sépare de la surface, que vous faites parti des chanceux ayant survécu car ils n'étaient pas dans la zone même, que vous sentez votre propre urine couler le long de vos cuisses tandis que les poils de votre échine se dresse alors que vous vous demandez si vous allez mourir ici, coincé de tout avec à peine assez d'espace pour tenir debout...Vous en venez à penser qu'un charr peut avoir peur...

Mais en parlant du jeune...

"Hé ! Tarkus, il est de ton côté le gamin ?"

Moment de silence...Enfin...Excepté les coups de pioches.

Un faible "non..." revint aux oreilles de Serto qui grogna doucement.

"Hé Folern ! Hé Wurx ! Z'avez vu l'gamin ?"

Les mineurs concernés répondirent négativement à la question presque en même temps. Et le vieux charr au mouchoir refit des siennes :

"Il est peut-être rentré au fahrar, la queue entre les jambes."

Serto se retenu de lui demander de la fermer et laissa sa pioche tinter une dernière fois contre la pierre avant de s'éloigner.

"J'vais voir où il a pu filer...Ce petit crétin a dû se perdre dès notre arrivée..."

Il entendit Tarkus lui répondre quelque chose d'incompréhensible et éclater à nouveau de rire tandis qu'il retournait à la nacelle.



Le charpentier lui dit d'aller voir ailleurs tandis qu'il fixait la dernière poutre à coup de masse. Serto montra les crocs et s'éloigna. Il n'aimait déjà pas se faire engueuler par ces charrs incapables de sécuriser une galerie, alors si en plus c'était simplement pour retrouver un idiot maigrichon.
Le charr avait déjà fait le tour des galeries les plus proches de la nacelle, il espérait ne pas croiser un des contremaîtres du porion, on ne les descendait pas au fond d'un puits pour qu'ils vadrouillent. Les seuls choses autorisés ici bas en dehors de jouer de la pioche était de s'arrêter pour boire à sa gourde ou alors se rendre aux latrines.

...

Evidemment, les latrines ! Serto repartit de plus bel vers une galerie. Ce jeunot devait avoir été terrifié par la descente au point de ressentir le besoin de soulager son estomac dans un sens ou dans l'autre. De toute façon, c'était ça ou chercher au hasard dans les galeries, et il avait assez perdu de temps comme ça.

Au tournant d'un goulot, il fut heurter par un camarade n'ayant pas ralenti à l'approche du virage et arrivant dans la direction où il allait. Colèrique, Serto empoigna le maladroit, qui n'était pas bien grand, par le col et porta son visage en direction d'une des torches électriques.
C'était le petit nouveau.

"Et bah c'est pas trop tôt ! J'espère que tu as bien pris ton temps là-bas !"

Dans son emportement, Serto mit du temps à se rendre compte que quelque chose n'allait pas, le charr semblait agité, apeuré et perdu, il se débattait faiblement et ses yeux semblaient presque vouloir sortir de leurs orbites pour se jeter dans le chemin qu'il venait de quitter.
Qu'avait-il donc...? Un grincement empêcha le charr roux de lui poser la question. Non, pas un grincement, plutôt une plainte métallique, comme si l'on frottait deux aciers l'un contre l'autre. Cela venait de l'endroit d'où avait déboullé le jeune, les latrines.
Serto garda dans sa poigne le col du prétendu fuyard et fit quelques pas pour jeter un oeil. Son coeur rata un battement alors qu'il aperçut un mouvement et des silhouettes de petites tailles et récroquevillés sur elles-mêmes. Un pan du mur de boue des latrines était effondré et donnait sur un étrange intérieur de ferraille d'où se déversaient les humanoïdes. Un cri aïgu résonna et on le pointa du bout d'un doigt crochu et sale. Il se jeta à l'abri derrière le goulot avec le jeune toujours en main, qui tâchait réellement de fuir maintenant, et hurla du plus fort qu'il put en direction des galeries :

"DRAGUERRES !"

L'alarme se répandit rapidement sous la terre. Les charrs les moins expérimentés s'arrêtèrent simplement de donner de la pioche et s'échangèrent un regard. Les anciens mineurs, tel que Tarkus, savaient ce que cela voulait dire pour eux, et déjà il courait en direction du cri, pioche à la main.

Un assaut draguerre est une terrible chose dans une mine, ces hommes-taupes effectuent le plus souvent une percée dans une galerie à l'aide d'une de leur machine, à partir de cet instant, le véhicule devient la passerelle par laquelle sortent tous ces combattants souterrains, qui se dépèchent d'investir et de contrôler la galerie pour déployer un solide avant-poste dans les terres de l'ennemi, ensuite ils se répandent telle une maladie dans tout le réseau de la mine et paralysent ainsi durablement la production, en plus de faire de nombreuses victimes. Il est alors primordial pour des mineurs souhaitant survivre de se battre pour repousser les draguerres dans leur machine infernale et ainsi empêcher leur propagation dans le reste des galeries.
La chose n'est jamais aisée et de plus, les draguerres attaquent parfois sur plusieurs fronts, ce qui rend la tâche parfois impossible.

Tarkus savait cela, c'est pourquoi il ne perdait pas de temps et rejoignait le lieu de départ de l'alarme. Partout des charrs se bousculaient, certains voulant fuir, d'autres acheminant de quoi se défendre ou au contraire écartant les chariots remplis de cuivre et le matériel.
La fourmilière s'agitait.
Le vieux charr entendit enfin à ses oreilles le rythme de l'acier contre l'acier, et les cris de guerres et autres exclamations propres à la bataille. Il quitta enfin la galerie où il s'était trouvé pour arriver à un large croisement, et manqua de lâcher sa pioche de surprise.

L'assaut était majeur, partout des charrs et des draguerres se battaient, la lueur faiblarde des torches électriques n'éclairaient que les plus proches combattants, laissant le reste de la mêlée dans les ombres en mouvement. Et tout n'était que mouvement. Depuis toutes les galeries du croisement. Comment ces saloperies avaient-elles réussi à passer si vite sans donner l'alarme plus tôt ?!
Le charr délaissa ses questions un instant pour se heurter au bouclier d'un draguerre vociférant. Ce dernier tentait de le repousser dans sa galerie et Tarkus dut lutter du bout de sa pioche et montrer les crocs pour le tenir à distance. Fort heureusement un autre charr vint à sa rescousse depuis la galerie, et à deux ils purent aisément se débarrasser de l'envahisseur.

Une détonation retentit soudain, illuminant un bref instant le lieu de l'affrontement. La gueule d'une galerie à la droite de Tarkus se ferma soudainement, ensevelisant les combattants s'y tenant et projettant roches et poussières dans le croisement. Impossible de savoir qui était à l'origine de l'explosion, mais s'il s'agissait des draguerres, ils essayaient certainement d'isoler les charrs entre eux en coupant les galeries les unes des autres.
Un tir de fusil atteignit le charr se tenant près de lui à la tête. Le vieux charr vit alors un groupe de draguerres le charger, armes à la main. Il se prépara à chèrement vendre sa peau. Les gueules horribles des envahisseurs laissaient échapper des cris aïgus et autres vociférations détestables. Le premier se jeta sur lui, une courte lance à la main, avec l'intention de l'embrocher. Tarkus dévia la pointe et l'envoya se ficher dans la terre avant de fendre le crâne de l'assaillant du bout de sa pioche avant de reprendre rapidement une position défensive correcte pour le prochain qui...Passa sur le côté et continua sa route, suivi des autres.

Malgré sa surprise, Tarkus se lança à leur poursuite, ses grandes jambes lui permettant de les rattraper aisément. Les draguerres semblaient parfaitement se rendre compte du chemin qu'ils empruntaient, tournant ici et là, comme s'ils connaissaient le lieu, cela ne fit que rendre Tarkus plus furieux, et le draguerre fermant la marche subit le courroux du charr à coups de pioche dans la nuque. L'avant-dernier s'arrêta alors pour faire face, et fut assommé par le coup de manche que lui porta le vieux mineur. Il s'effondra dans un crissement surpris et son adversaire le laissa là.



Serto se servit de sa pioche pour bloquer le marteau draguerre et serra les crocs. Lui et d'autres avaient été assez rapide pour former une barricade avec deux chariots renversés, interdisant ainsi l'accès à cette galerie pour leurs envahisseurs. S'ils pouvaient tenir suffisamment longtemps leur position, le porion pourrait directement envoyer des renforts au coeur de l'affrontement. Les draguerres l'avaient également très bien compris et leurs assauts se concentraient sur cette ligne improvisée.
Wurx s'écroula sur le chariot quand un draguerre plus entreprenant que les autres se hissa dessus et décocha à bout portant son étrange arme à feu dans la gueule du charr. Les camarades du défunt le vengèrent rapidement en faisant chuter le draguerre de leur côté, deux se penchèrent et le rouèrent de coups de pioche jusqu'à lui enfoncer le crâne dans un bruit visqueux.

"Allez, celui-là à son compte, on tient la ligne, mineurs !"

Serto chercha du regard le jeune charr et ne le trouva pas. Il devait avoir filé vers l'ouverture, comme d'autres. Le charr se promit de l'étrangler lui-même s'il survivait à ça...
Un groupe hardi de draguerres se heurta aux chariots, et il se reconcentra sur le fait de tenir la barricade.



En même temps qu'il tournait après eux dans cette galerie, Tarkus se refit mentalement le plan de la poursuite, les draguerres semblaient se diriger vers l'entrepôt souterrain numéro trois. Celui creusé non loin de leur nacelle. Il accéléra le pas et parvint à faucher le second draguerre d'un coup de griffes. Ces petites créatures avaient un plan, c'était certain. Heureusement il n'en restait plus qu'un, ayant quelques enjambées d'avance sur lui, qui s'engouffra dans l'entrepôt après un regard terrifié en direction de son poursuivant. Tarkus parvint à son tour dans l'ouverture grossière de l'entrepôt, et se figea immédiatement.
A l'intérieur, à côté des chariots bourrés des explosifs appartenant aux boutefeux, le draguerre brandit une bouteille qu'il venait d'embraser en défiant le charr du regard, avant de la jeter sur la cargaison, hurlant un dernier cri strident qui fut coupé par la détonation, le souffle projeta Tarkus contre le mur, de manière assez violente pour le tuer, et s'il ne mourut pas sur le coup, il fut rapidement dévoré par le brasier qui suivit.
L'entrepôt vola en éclats avec une violente force, faisant voler en morceaux les charpentes tenant les galeries environnantes et secouant la terre.

Le puits numéro quatre s'effrondra sur lui-même, engloutissant la nacelle avec lui dans une gerbe de terre et de flammes.



Le jeune charr s'effondra au sommet de la rampe, piétiné par d'autres mineurs en fuite. La fourmilière s'effondrait, et les travailleurs quittaient rapidement le lieu pour ne pas être enseveli avec lui. Des draguerres parvinrent également à la surface et s'attelèrent immédiatement à la tâche de détruire les nacelles des puits tenant encore. Un groupe des assaillants s'approcha à vive allure de la rampe où se tenait le nouveau venu. Il tenta de se relever mais trébucha et alors que le premier draguerre était sur lui, plusieurs coups de feu coordonnés éclatèrent à ses oreilles.

Les fusiliers de la légion des cendres abaissèrent leurs armes pour recharger et avancer, tandis que des troupes diverses, tous de cette même légion, chargeaient les draguerres en surface.

Plus loin, le centurion Graybiarn Ombremort esquissa un sourire en considérant la mine du regard. L'un des bras mécaniques s'effondra dans une cacophonie de tôles froissés et il entendit une nouvelle volée de balles de la part de ses fusiliers.

"Je ne comprends pas !" Vociféra le draguerre à la voix âgée mais énergique qui se trainaît à côté de Graybiarn. "Vous nous aviez promis cuivreflot : vous nous avez donné les plans, le temps et les moyens pour triompher et prendre le contrôle de la mine pour la nation draguerre ! Pourquoi faites-vous la chasse au mien maintenant ?!"

Le centurion montra les crocs et répondit d'une voix lugubre, sans observer la pitoyable créature.

"Je vous ai promis votre assaut sur la mine, petit pantin. Rien de plus. Tuez-le."

Un bruit de lame et un grognement s'ensuivit. Le corps du draguerre trahi fut traîné plus loin. Graybiarn reprit son air satisfait et considéra le jeune charr approchant.

"Ne vous en faites pas mineur, la légion des cendres est là pour vous sauver."

"Centurion" se permit le second d'Ombremort en s'avançant pour arrêter le mineur avant qu'il ne soit trop proche, "il s'agit de la jeune cendre ayant effectué le nécessaire pour la réussite de cette opération."

Graybiarn considéra d'un oeil nouveau le jeune charr tremblant lui faisant face, les yeux jaunes de la petite cendre brillaient de terreur que Graybiarn mit sur le fait de sa présence intimidante.

"Ha...Parfait. Tu as bien agi soldat."



Le jeune charr quitta la nacelle en même temps que les autres lorsqu'ils touchèrent le fond, mais au lieu de les suivre, il se dirigea d'un pas rapide et le coeur battant vers la direction qu'on lui avait fourni. Personne ne s'étonna de voir un charr se rendre aux latrines et il arriva là-bas sans encombres.
Assuré d'être seul, il sortit des dessous de sa tunique un petit appareil dont il enclencha un bouton, le faisant faiblement grésillé. Il le posa sur le sol, à côté d'un seau usagé et recula de trois pas, attendant.
C'est après plusieurs minutes passées à écouter sa propre respiration qu'un morceau de terre s'effondra soudainement, révélant l'énorme machinerie draguerre qui s'ouvrit alors, dévoilant la gueule de plusieurs draguerres. Ils jetèrent sur le charr un regard féroce, mais ne firent rien d'autre que de descendre de leur engin. Le jeune mineur préféra tourner les talons et détaller avant que les draguerres ne changent d'avis et se ruent sur lui.
Il se heurta alors à Serto.



Il s'inclina devant son centurion, la respiration toujours aussi affolée. Graybiarn inclina légèrement la tête et demanda sur un ton amusé :

"Quel est ton nom, soldat, que je sache à qui je dois le plaisir d'avoir arraché cette mine au contrôle de la légion de fer."

Il se retint de vomir et rassembla ses forces pour s'exprimer distinctement.

"Je suis Lurr, recrue de la légion des cendres, mon centurion."

"Lurr. Et bien tu as fait tes preuves, jeune Lurr : grâce à toi notre tribun va pouvoir blâmer une perte de production de cuivreflot à cause de l'inattention de la légion de fer. Heureusement que j'effectuais les exercices d'entraînement de ma compagnie dans la zone. La rapide légion des cendres a ainsi pu intervenir et éviter le pire. Il est à présent tout naturel que nous héritions de ce lieu que les ferreux n'ont pu défendre..."

Un autre rire lugubre sortit de la gueule du centurion puis il fit signe à son second de congédier le jeune soldat. Ce dernier attrapa Lurr par l'épaule et l'amena plus loin, lui parlant d'un voix tranquille et suave.

"Tu es un membre prometteur, jeune Lurr. Tu as réussi à oeuvrer dans l'intérêt de ta légion en sacrifiant des charrs qui obstruaient notre progression vers la gloire. La légion de fer n'exploitaient pas assez bien ce lieu, nous avons fait sauté le rouage gangréné pour le remplacer par le nôtre, neuf et efficace."

Il lâcha la recrue qui se retourna vers lui, les yeux perdus et de la crasse sur tout le corps.

"Tu seras très prochainement appelé à rejoindre une troupe, et je suis sûr que nous nous reverrons bien assez vite. En attendant, je te suggère de rejoindre la citadelle noire : tu n'as jamais été ici."



Le rouage roulait doucement, sans un bruit, le sang épais des charrs coulaient sur ses dents, le huilant efficacement.
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Message par Galathea Jeu 18 Oct - 6:42

Whoww craquage de slip ! Super ce texte
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Message par Nolesdran Jeu 18 Oct - 10:30

Un de tes meilleur texte !
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Message par Edan Seed Jeu 18 Oct - 12:10

Hé ben moi j'le trouve tout pourri ! Ha !
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Message par Gunvar Dim 9 Déc - 14:56

Initiation : Le feu du coeur


Une série de rouages défectueux ou inutiles ne possède aucun sens dans l'organisation stricte d'une machine et il sera naturel et nécessaire de la supprimer. Dans le cas de la pièce inutile, aucun problème ne se pose, mais tout rouage défectueux était autrefois utile à la machine. Et lorsque l'on supprime cette pièce du système, il faut obligatoirement la remplacer par un rouage similaire et en bon état.
Ce nouveau rouage remplira son rôle, jusqu'à devenir lui-même inutile, ou défectueux.

Tout charr est un rouage. Un rouage au service de sa légion.



Le centurion Vospisius fut toujours un héros et un personnage de grande influence au sein de l'immense légion des cendres. Ce vétéran de nombreux affrontements était célèbre pour ses tactiques audacieuses et bien souvent couronnées de succès. Il avait gagné la loyauté de ses hommes en n'hésitant pas à progresser avec eux dans la boue, répandre le sang de l'ennemi et partager une bouteille ou deux. Ses légionnaires étaient ses frères de bataille et ses lieutenants dévoués, et sa compagnie lui accordait une confiance aveugle. Jamais Vospisius n'avait sacrifié un seul charr en vain.

"Centurion."

Le charr balafré et grisonnant qu'était Vospisius Daguedent leva la tête du rapport de ses messagers, le garde venant le troubler effectua un bref salut avant de poursuivre, les yeux d'un bleu glacial de son supérieur sur lui.

"Le primus centurion vous envoie son second, il est apparemment porteur d'un message."

Vospisius fronça les sourcils et gronda. Le jeune et opportuniste centurion Graybiarn Ombremort s'était vu attribué le commandement de toutes les compagnies engagées dans la campagne pour sécuriser Ascalon contre les rebelles et traîtres. Primus centurion était son titre jusqu'à la fin de ce massacre, et dernier ne se gênait pas pour le rappeler à tous les autres braves centurions, y compris lui.

"Qu'il entre." Dit simplement Vospisius avant de replier son rapport.

Il était tenu en grande estime pour sa stratégie, mais redouté pour son intelligence. Car plutôt que d'user de ses facultés pour se tailler une place de choix dans la hiérarchie des cendres, Vospisius était un patriote. Il croyait en l'unité du peuple charr et préférait tenter de ramener des rebelles dans le droit chemin que de les exterminer sans leur laisser une chance.
C'était une noble mais délicate mission.

Machiel, second et conseiller d'Ombremort, écarta le pan de tente servant de porte et s'avança, accompagné d'un jeune charr en uniforme de soldat. Son regard de diablotin prit le temps d'examiner la sobriété de la tente, le lit de paille, l'armure du centurion et l'imposante table de bois dénuée de chaise, avant de s'intéresser à Vospisius et d'incliner la tête dans une révérence, dévoilant un cou de serpent.

"Honorable centurion."

L'intéressé croisa les bras sur son torse imposant et montra les crocs dans une réponse incisive.

"Parle vermine, je n'ai pas le temps pour ça."
Machiel élargit son sourire de pantin et se redressa. Poursuivant d'une voix doucereuse.

"Le primus centurion Ombremort vous envoie ses salutations." Devant le regard de fer du vétéran, il poursuivit. "Il aimerait savoir pourquoi vos troupes n'ont pas encore donné l'assaut sur le fortin rebelle. Auriez-vous quelques problèmes de...Logistique... ?"

"Tu peux dire à ton maître que je n'ai aucun problème. J'ai envoyé mes messagers parlementer avec les dirigeants de cette résistance, ils semblent ouvert à l'idée d'une redition honorable."

Le second du primus prit un instant pour répondre. Chaque mot était pesé pour se placer à la limite de l'insubordination.

"J'ignorais, centurion, que notre campagne incluait la capture de prisonniers..."

Vospisius fit un pas en grondant férocement, ce qui fit se recroqueviller légèrement Machiel et son soldat.

"J'en sais plus que toi sur cette campagne, rat d'égout ! Je refuse de me livrer à une extermination systématique, la citadelle a besoin de tous les bras que nous pouvons lui donner."

Il se saisit de son rapport, le déplia et le tint droit à quelques centimètres du visage du second, poursuivant d'une voix forte.

"Des charrs braves et honorables sont dans ce fortin. Ils sont épuisés de cette guerre intestine et ont confiance dans la justice de la citadelle noire."

"Mais quand bien même, seigneur...Ce sont eux qui ont pris les armes contre leurs frères..."

"Cesse Machiel ! Tu sais tout aussi bien que moi qu'ils n'ont trouvé d'autre moyen pour protester contre cet accord avec les humains ! La question n'est pas si simple : Ombremort lui-même était le premier à dire que nous tenions ces porcs à la gorge...Il est encore trop tôt pour dire si cette trève est une erreur..."

Vospisius alla reposer le parchemin, reprenant son calme entre deux grognements. Il posa les mains sur la table, présentant son dos à ses visiteurs, sa queue fouettant l'air avec force. L'autre charr attendit un moment avant de reprendre avec d'extrêmes précautions.

"Erreur ou non, elle est effective. Centurion. La loi est formelle pour tous les charrs, ne pas respecter la loi c'est se devenir un ennemi de tout notre peuple."

"Ils ont le droit au jugement martial. C'est mon dernier mot. Si tu as encore des arguments à me présenter, je te suggère de me les crier depuis le chemin de retour jusqu'au primus. Ça te fera gagner du temps."

"Bien centurion."

Vospisius fronça les sourcils. C'était vraiment tout ? Pas de menaces ni de négociations ? Ombremort avait réellement envoyé son serviteur pour uniquement lui faire la moral... ?
Comment pour répondre à ses questionnements, la voix rusée reprit dans son dos.

"Alors le primus centurion insiste pour que vous ameniez avec vous ce soldat pour votre pourparlers avec le fortin."
Le centurion se retourna lentement, plissant les yeux alors qu'il observait ce fameux soldat.

"Pourquoi lui ?" Demanda-t-il d'une mauvaise voix.

"Il s'agit d'un des hommes de confiance d'Ombremort. Un soldat de talent."

"Il a encore le lait de sa mère sur les lèvres. Est-ce une blague ?"

Machiel eut un petit rire.

"Non seigneur. Il est peut-être effectivement jeune, mais il représentera l'autorité d'Ombremort à vos côtés. Le primus veut suivre l'évolution de la situation de prêt."

Vospisius croisa un instant le regard du jeune soldat, deux yeux plus jaune que la pisse, fuyant le regard du charr âgé. Son pelage brun aux reflets sombres ne possédait aucune marque, aucune cicatrice importante. S'il avait croisé le fer avec un autre, il n'en avait pas gardé de souvenirs physiques.
Graybiarn était vraiment plus bête qu'il ne le pensait...

"Très bien, laisse ton mouchard ici. Il pourra rapporter à ton maître que je ne fais rien à l'encontre de la légion."

Machiel protesta faussement :

"Oh je vous assure, votre fidélité dans la légion des cendres n'a jamais été mise en cause..."

"C'est ça. Maintenant fous-moi le camp le rat."

Le second jeta un regard au soldat, salua le centurion aussi bas que possible, puis écarta le pan pour ressortir. Laissant le vétéran et la bleusaille seul à seul.

La bonté dont pouvait faire preuve Vospisius à l'égard des siens n'avait pas de limites. Il n'était pas sot, mais sa légende voulait qu'il accepte la repentance de n'importe quel charr. Même ceux de la flamme.
Ce comportement lui valait des réprimandes de ses pairs et supérieurs, mais l'adoration de ceux sous lui.
Un véritable héros.



"Vous menez toujours vos pourparlers vous même ?"

Le centurion en armure haussa un sourcil et tourna la tête, c'était la première fois que le soldat d'Ombremort ouvrait la bouche sans autorisation. Dans la tente, il avait répondu avec la peur au ventre aux questions du centurion. Il se nommait Lurr Prêtoreille et venait d'entrer dans sa première troupe. Prêtoreille, un vrai nom de mouchard.

Le centurion, son bras droit et le jeune soldat progressait dans la forêt au terrain accidenté. Le fortin était situé contre le flanc d'un roc immense, dans un goulet naturel qui obligeait à se frayer un chemin entre arbres et caillasses tout en dévalant la pente. Stratégiquement parlant, ce lieu aurait été très facile à raser. Mais Vospisius n'y allait pas pour parler stratégie.

"Tu as une langue maintenant ?" Demanda Kaj, le bras-droit, avant de claquer des dents dans la direction du jeune.

Le soldat sursauta légèrement, il semblait encore moins tranquille que sous la tente, il jetait des regards partout, même derrière eux. Comme s'ils allaient tomber dans un piège.

"Calme Kaj. Il n'est pas responsable de son affectation."

Malgré la méfiance qu'il éprouvait chez tout envoyé de Graybiarn Ombremort, le centurion se doutait bien que celui-là n'avait pas été volontaire pour cette mission. Et il avait bien raison.

"Pour répondre à ta question," poursuivit le gradé, "oui, autant que possible. C'est une preuve de respect, je ne leur envoie pas un messager pour négocier leur reddition. C'est insultant."

Lurr avala sa salive, son cœur battait tellement vite...

"ça va p'tit ? Tu as l'air sur le point de faire sous toi !" S'amusa Kaj.

Le soldat hocha la tête et prit une grande inspiration. Vospisius secoua la tête et tenta d'apercevoir le fortin en contrebas. Il sentait que ce pourparlers allait bien se passer, les charrs là-bas n'était pas des idiots, loin de là.



Le problème avec les héros, c'est qu'ils font de l'ombre aux autres. Et parfois, certains qui voudraient briller aussi, pour des raisons moins nobles, en ont assez.



Le centurion se jeta sur le côté par réflexe en entendant le coup de feu. Il vit le corps de Kaj basculer en avant, le crâne en sang. Le tir venait de derrière eux. Il se retourna et reçut la lame en plein torse, au-dessus de l'armure.

Lurr retira la lame, les yeux écarquillés par la terreur. Il l'avait fait. Son premier meurtre. La tête lui tournait et il voulait vomir, mais c'était fait. Le pistolet avait réduit au silence le bras-droit, et maintenant le centurion tombait à genoux, la main sur la blessure.

Le poison allait bientôt faire effet, Lurr ne devait pas rester là. Ombremort avait été formel : assassiner Vospisius à l'écart de ses hommes et faire porter le chapeau aux rebelles. Les troupes fidèles au vétéran raseraient le fortin dans un acte de vengeance, leurs cris de guerre extériorisant le feu de leurs cœurs.

Vospisius jeta un regard terrifiant à Lurr, qui trébucha derrière lui et tomba à terre, tremblant.

Après la mort du célèbre centurion, il n'y aurait pas de plus favori au sein de la légion que le centurion Graybiarn Ombremort. Un mal pour un bien. Comme lui avait expliqué Machiel, Vospisius était un rouage défaillant, ses idées amenaient plus de mal que de bien à la nation charr, et avec trop de fidèles derrière lui, il aurait pu mener une révolte contre la citadelle elle-même...

"Traître..." Gémit le centurion en s'étouffant dans son sang.

Lurr se remit sur ses pattes, lâcha sa dague et se mit à courir vers le camp des cendres. Il avait bien agi. Il avait parfaitement bien agi. Pour la légion, pour les cendres, pour Ombremort.

"Traître !"



La machine fonctionnait toujours. Malgré tout, un petit rouage venait de prouver son utilité afin de repousser l'heure de son remplacement.
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Message par Galathea Dim 9 Déc - 16:32

Haaaa, ça c'est un beau texte qui sent le terroir ça Monsieur, pas du texte à deux balles sans saveur. On sent que c'est une AOC. Y'a de la qualité...

J'ai bien aimé sinon Smile
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Message par Nolesdran Dim 9 Déc - 19:51

Nice.
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